Auteur : Thierry Loussouarn

Il existe plusieurs méthodes de retraitement de l’information : EMDR, IMO, EMT… La thérapie par les mouvements oculaires que nous proposons est un complément utile à l’entretien sophrologique. Elle peut s’inscrire en début de thérapie, dès le 3ème entretien en général. Le sophrologue choisit cette approche lorsque le patient évoque un événement douloureux, récent ou lointain, dont l’impact sur la problématique est évident. Cette thérapie permet, parfois en une seule séance, de désactiver le souvenir.

 

Il est ici intéressant de suivre l’évolution émotionnelle de la personne entre le début et la fin de la séance. L’intensité émotionnelle est généralement forte au début. A ce stade, on peut même sentir chez le patient du scepticisme vis à vis de la méthode. Puis, l’émotion diminue. Le patient le constate mais n’est pas toujours convaincu. Arrive ensuite un stade où l’émotion a quasiment disparu. Le patient est alors de plus en plus étonné de son vécu. Cette disparition de l’émotion s’accompagne généralement d’une difficulté à revoir les images de l’événement, ou bien ces images sont floues, ou encore elles se transforment positivement. Les pensées négatives ont également disparu et sont naturellement remplacées par une affirmation positive qui va achever le travail de réparation. Des sentiments positifs naissent. En toute fin de séance, le patient semble parfois incrédule: il ne ressent plus de souffrance; il se sent libéré mais il ne comprend pas comment fonctionne la technique !
Mais l’étonnement est encore plus grand dans les jours, les semaines et souvent les mois qui suivent. Le patient se sent vraiment libéré du souvenir traumatique. L’impact de la séance sur le quotidien est mesurable, quantifiable. La problématique qui l’a amené à consulter le sophrologue s’est considérablement amoindrie ou a totalement disparu. Bien souvent, le patient constate que la thérapie par les mouvements oculaires a eu un impact positif au-delà de ses attentes.
La méthode ne se limite pas aux seuls événements douloureux. On peut aussi travailler sur des difficultés présentes sans lien avec le passé: difficulté à se mettre au travail, à réviser les leçons (voir cas décrit plus loin). Après une analyse de la situation, le sophrologue travaille sur la problématique comme si c’était un souvenir. Et la magie opère...

 

On a encore du mal à expliquer comment fonctionne la thérapie par les mouvements oculaires. Plusieurs théories existent: sollicitation des deux cerveaux, mise en marche du système de traitement de l’information, concentration intérieur/extérieur, relation avec le thérapeute. Les spécialistes de l’hypnose ericksonnienne évoquent aussi l’empathie, l’effet hypnotique de la main comme celui du pendule, etc. On n’a certainement pas encore fini d’étudier cette méthode mais quelle que soit les raisons de son efficacité, elle deviendra une approche incontournable du thérapeute ou du sophrologue du 21ème siècle.

En sophrologie, nous avons adapté la technique. Elle consiste à réaliser des stimulations alternées (tapotements...) qui désactivent les perceptions inconfortables que peut avoir l’élève avant la séance: vécu de la journée, soucis... Là aussi, l’effet est immédiat notamment sur le système parasympathique.
Le sophrologue formé à la sophro-analyse - et donc habitué aux abréactions - pourra utiliser les mouvements oculaires chaque fois qu’il découvrira un événement traumatique. Avec cette méthode, associant travail recouvrant et pédagogique et travail découvrant et cicatrisant, il pourra répondre beaucoup plus efficacement aux demandes individuelles.

Vignette : Mme X
Elle a perdu son grand-père lorsqu’elle avait 10 ans. Cela a été un traumatisme pour elle. Elle se revoit regardant à travers le volet de la chambre où elle aperçoit le cercueil. Sa peur est à 9/10. Elle aurait aimé qu’on lui explique la maladie, la vieillesse. Le non-dit l’a gênée.
On fait 4 séries de M.O sans qu’il ne se passe grand-chose. Puis, à la 5ème série, elle sent l’angoisse monter. Idem pour les 3 séries suivantes. On arrive alors à un palier à la 9ème série. A partir de la 10ème, l’angoisse diminue. A la 12ème le souvenir est de moins en moins net. A la 14ème, l’image est de moins en moins ancrée et il n’y a plus d’angoisse. A la 15ème, « Ca s’efface ». A la 16ème, l’émotion est passée de 9 à 0 sur 10. Encore une série de M.O et Mme X se sent en paix (5ème et dernière phase du deuil). Elle trouve alors l’affirmation positive : « Il repose en paix. »
Je la revois 10 jours plus tard. Elle se sent totalement libérée de ce deuil. Elle se sent mieux d’ailleurs à tout point de vue.

Vignette : Décès et examen
Melle Y n’arrive plus à travailler scolairement. Cela fait trois mois qu’elle est entrée dans son école et elle n’a encore ouvert aucun livre, aucun dossier. Elle parle de blocage et trouve le travail trop dur. Elle a perdu son père un an plus tôt dans des circonstances difficiles. Elle avait une relation fusionnelle avec lui. Elle ressent un manque. Elle se sent cassée.
1. La première séance porte sur le jour où elle apprend le décès de son père. Elle ressent de la culpabilité (de ne pas avoir pu l’aider). A la fin de la séance d’IMO, elle évoquera la phrase : « Il a su me faire grandir. »

2. Mais elle n’a pas été à l’école depuis une semaine et l’examen approche. Elle n’a pas envie de travailler. Je lui propose une séance d’IMO pour lui redonner envie d’étudier. La séance se termine par la phrase : « C’est mon métier dans ces classeurs. »
Le soir même, elle se remet au travail.

3. Lors de l’entretien suivant, on travaille sur un complexe qu’elle avait petite et qu’elle porte encore en elle. Toujours en IMO.

4. Une autre séance porte sur sa relation à sa sœur durant son enfance.

5. À la séance suivante, elle arrive en me disant que la séance d’IMO sur son complexe a bien marché.
Mais le plus important, c’est bien l’examen qui a lieu dans deux jours. Elle se sent stressée quand elle y pense. Elle me dit également qu’elle est gênée par les personnes qui font du bruit durant un examen. Je lui propose une séance de sophrologie avec trois stimulations alternées, une sophro de base, une S.R.S.
Elle me téléphone 10 jours plus tard pour me dire que l’examen s’est très bien passé.

6. Je la revois 3 semaines plus tard. Elle a cette fois un examen pratique qui l’inquiète beaucoup car deux professeurs superviseront son travail. Elle a peur d’être stressée, d’être fatiguée, d’être gênée quand on la regardera, de ne pas être naturelle. Après mûre réflexion, on trouve comme ressource numéro 1, l’ENERGIE. Si elle sent de l’énergie en elle, alors elle sentira de la CONFIANCE. Je lui propose une séance de PNL : ancrage et futurisation.
Elle choisit un souvenir plutôt récent où elle a vécu une sensation d’énergie.
Au moment où elle entre en contact avec cette sensation d’énergie, je pose mon ancre au niveau de son poignet.
En activant cette ancre, je lui propose une SAP. Futurisation après l’événement, avant l’événement et en fin pendant l’examen lui-même.
Elle me téléphone une semaine plus tard pour m’annoncer qu’elle a eu 17,5 sur 20.
On voit ici la nécessité de travailler avec divers outils : l’IMO, la sophro et la PNL. Chacun a sa particularité et est indispensable au bon déroulement de la thérapie.
Une telle thérapie développe beaucoup de ressources chez le patient et laisse des traces positives sur lesquelles il pourra s’appuyer pendant longtemps.