Auteur : Anne Guttierez, sophrologue
Introduction
La douleur est difficile à définir car elle est personnelle et subjective : tout le monde possède les mêmes mécanismes de déclenchement de la douleur, et cependant, chacun la ressent différemment.
LA LEGISLATION
- Article L.1110-5 du Code de la Santé Publique :
« Toute personne a le droit de recevoir des soins visant à soulager sa douleur. Celle-ci doit être en toute circonstance prévenue, évaluée, prise en compte et, traitée ».
- PLAN DOULEUR 2006-2010, d’après la loi du 4 mars 2002, dite Loi Kouchner
- Améliorer la prise en charge des douleurs des populations les plus vulnérables : enfants, adolescents, personnes âgées, personnes polyhandicapées, personnes en fin de vie
- Améliorer la formation pratique initiale et continue des professionnels de santé pour mieux prendre en compte la douleur des patients
- Améliorer les modalités de traitement médicamenteux et d’utilisation des approches non pharmacologiques de la douleur
- Structurer la filière de soins de la douleur, en particulier pour les douleurs chroniques rebelles
DEFINITION DE LA DOULEUR
En 1979, l’Association Internationale pour la Douleur propose la définition suivante :
« La douleur est une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable associée à un dommage tissulaire présent ou potentiel ou décrite en termes d’un tel dommage »
LA DOULEUR : C’EST QUOI ?
La douleur est donc une sensation complexe, à la fois physique et émotionnelle.
Elle se traduit par :
- Une sensation physique, caractérisée par la localisation, l’intensité et l’évolution de la douleur « ça pique, ça brûle, ça fait un peu ou très mal, ça augmente ou ça diminue ».
- Une émotion, qui correspond à ce que nous ressentons moralement « c’est désagréable, c’est pénible, c’est inquiétant, c’est insupportable ».
- Un comportement, qui correspond à notre manière de réagir à la douleur, de l’exprimer par le corps ou par la parole (position, grimace, pleurs, cris, plainte).
- Une réaction mentale, qui correspond à notre façon de la gérer, de l’interpréter, de lui donner un sens, de chercher à l’oublier ou à vivre avec.
Ces quatre aspects sont indissociables. Pour comprendre et soulager la douleur, il faut donc prendre en compte sa cause physique, mais aussi et surtout ce que la personne ressent, physiquement et moralement.
COMMENT EXPLIQUER L’APPARITION D’UNE DOULEUR ?
Le circuit normal de la douleur : un mécanisme de défense
Le plus souvent, la douleur se déclenche lorsque le corps détecte une anomalie venant de l’intérieur ou de l’extérieur : une brûlure, une infection, un corps étranger, un virus, une blessure. Cette détection se fait grâce au système nerveux. Le système nerveux est composé de trois parties : les nerfs, la moelle épinière et le cerveau.
- Les nerfs sont reliés à des récepteurs sensibles à la douleur, les nocicepteurs. Ce mot est la contraction de « nocif » et de « récepteur ». Les nocicepteurs sont présents dans tout l’organisme. Lorsqu’ils repèrent une situation nocive pour l’organisme, ils donnent l’alerte en déclenchant un message douloureux. Ce message est ensuite véhiculé par les nerfs jusqu’à la moelle épinière.
- La moelle épinière réceptionne le message douloureux, déclenche des réactions de défense si nécessaire (comme retirer sa main en cas de brûlure) et transmet le message de douleur au cerveau.
- Le cerveau reçoit, localise et interprète la douleur. C’est à cet instant qu’elle est ressentie : nous avons mal.
La douleur a donc une fonction d’alerte et de protection : grâce à elle, nous sommes avertis du danger, nous pouvons nous protéger et nous soigner. Comme les nocicepteurs sont à l’origine de ces douleurs, on les appelle douleurs nociceptives ou douleurs par excès de nociception.
Ce sont les douleurs les plus fréquentes, celles qui nous sont familières.
Lorsque le circuit de la douleur est endommagé
Il arrive que le système nerveux soit abîmé et ne fonctionne plus normalement :
- un nerf peut être sectionné lors d’une opération chirurgicale
- les nerfs, la moelle épinière ou le cerveau peuvent être comprimés ou envahis par une tumeur (masse ou grosseur liée à une multiplication anormale de cellules. Une tumeur peut être bénigne ou maligne).
- les structures nerveuses peuvent être endommagées par certains médicaments, en particulier des médicaments utilisés pour la chimiothérapie
Lorsque le système nerveux est endommagé, il ne joue plus son rôle normalement. Il déclenche alors parfois, de manière anarchique, des douleurs bien particulières appelées douleurs neuropathiques.
Le terme « neuropathique » est composé de neuro « système nerveux » et pathique qui vient du grec pathos : la souffrance. Ces douleurs surviennent sans raison apparente. C’est comme si le système nerveux déraillait.
Les douleurs neuropathiques peuvent être permanentes ou survenir sous forme de crises soudaines. Elles sont d’intensité variable. Parfois, ce sont juste des sensations désagréables, pas vraiment douloureuses. Elles se reconnaissent par les sensations « bizarres », inhabituelles qu’elles provoquent
- une sensationde brûlure ou de décharges éléctriques
- une douleur au froid, à la chaleur ou aux changements de température
- des fourmillements et des picotements désagréables, sur et sous la peau
- des troubles de la sensibilité dans la zone douloureuse
Lorsque ces deux types de douleurs existent en même temps, on parle de douleur mixte.
DOULEUR AIGÜE ET DOULEUR CHRONIQUE
Il est habituel de distinguer la douleur aigüe de la douleur chronique
- LA DOULEUR AIGÜE
Habituellement, une douleur apparaît à cause d’une anomalie, et disparaît lorsque l’anomalie est éliminée. On parle alors de douleur aig ue. Le terme aigu ne signifie pas forcément que la douleur est intense.
Une douleur aigue a plusieurs caractéristiques :
- Elle est de courte durée (elle disparait en quelques heures ou quelques semaines, selon le temps nécessaire à la guérison)
- Elle est due à une cause précise telle que traumatisme, infection, inflammation, ischémie
(souffrance d’un tissu ou d’un organe faisant suite à l’interruption de la circulation sanguine dans l’une des artères qui l’irrigue : type AVC douleur poitrine et bras …).
La douleur aiguë est un processus physiologique, agissant comme un signal d’alarme. Elle est donc utile et protectrice.
- LA DOULEUR CHRONIQUE
Une douleur chronique a plusieurs caractéristiques :
- Elle dure depuis au moins 3 mois, malgré un traitement antidouleur
- Elle persiste même si la cause de la douleur a disparu
- Elle est difficile à comprendre car elle n’a pas toujours de cause visible. Elle augmente, diminue, disparaît ou réapparaît sans que l’on sache toujours expliquer pourquoi
- Elle est envahissante moralement et physiquement
La douleur chronique a perdu sa fonction et son objectif biologique : elle est donc inutile. Le plus souvent sans cause identifiée ou mécanismes physiopathologiques mal élucidés.
On observe une incapacité à revenir au fonctionnement physiologique antérieur.
Elle engage l’être dans tout son ensemble. Elle retentit sur la vie quotidienne avec ses conséquences sur le sommeil, l’appétit, toutes les activités. L’état de stress et la fatigue qui en découlent créent un déséquilibre. Le caractère de la personne change avec une augmentation de l’anxiété et une usure pouvant aller jusqu’à la dépression.
Ces douleurs peuvent être d’autant plus mal vécues qu’elles représentent un réel handicap, souvent invisible de l’extérieur. La non reconnaissance de la douleur, par l’entourage ou par l’employeur par exemple, constitue à elle seule une véritable souffrance.
Son traitement ne peut donc se concevoir comme celui de la douleur aigue. Il implique une évaluation de chacune des constituantes de cette douleur et doit s’attacher à corriger chacune d’elle. Ce sera un traitement multimodal (traitement associant des traitements médicamenteux et non médicamenteux ainsi que l’application des règles d’hygiène de vie).
Avec la fièvre et la fatigue, la douleur est un des premiers motifs de consultation médicale. En France, près de 32 % des patients interrogés présentent des douleurs chroniques, et pour 20 % d'entre elles l'intensité va de modérée à intense.
Après le 3e plan douleur 2006-2010, l'heure est donc au bilan.
METHODES D’EVALUATION ET DE TRAITEMENT DE LA DOULEUR
LES RAISONS DE L’EVALUATION
L’évaluation est une étape essentielle de la prise en charge de la douleur. Elle permet aux soignants de définir des traitements personnalisés, adaptés aux besoins de chaque patient et aux caractéristiques de sa douleur.
Pourquoi évaluer la douleur ?
* Identifier la personne douloureuse
* Faciliter le choix d’un traitement antalgique, la prise en charge globale du patient
* Contrôler l’efficacité des traitements (transmission et traçabilité du recueil d’informations)
* Améliorer la qualité de la relation thérapeutique (soignant-soigné)
Le cadre de l’évaluation
* Disponibilité du soignant
* Implication du patient
* Planification de l’évaluation : démarche de soin
Le recueil de données
C’est l’histoire de la douleur vécue par le patient
- Son histoire de vie
- Circonstances d’apparition de la douleur
- Parcours du patient
- Localisation de la douleur
- Périodicité de la douleur
- Qualité de la douleur
- Intensité de la douleur
- Retentissement sur la qualité de vie et activités quotidiennes
La démarche d’évaluation
- Accepter que le patient soit la norme : le croire, l’écouter, l’observer
- Utilisation d’outils d’évaluation
- Prendre en compte les composantes de la douleur
LES COMPOSANTES DE LA DOULEUR
- La composante sensorielle : qualité, intensité de la sensation, localisation, durée,
- La composante émotionnelle : tonalité désagréable, pénible, gênante ou insupportable
Anxiété ou dépression qui peut majorer la douleur
Mémoire affective de la douleur réactivée - La composante cognitive : Influence des expériences antérieures, des facteurs sociaux, culturels, familiaux et personnels
Processus mentaux, stratégies d’attention, de distraction
Signification donnée à la douleur
DES OUTILS POUR EVALUER LA DOULEUR
Les outils existant sont nombreux et varient selon la personne : enfants, personnes âgées, personne communicante ou non communicante (sujets confus ou handicap mental …).
AUTO-EVALUATION CHEZ LA PERSONNE COMMUNICANTE : LES ECHELLES UNIDIMENSIONNELLES
- l’EVA ou Echelle Visuelle Analogique
- l’Echelle Numérique ou EN
- l’Echelle Verbale Simple (cotation de 0 à 10)
COMMENT TENIR COMPTE DE L’EXPRESSION EMOTIONNELLE DE LA PERSONNE ET DE SON ENTOURAGE ?
- La dimension émotionnelle va avoir une incidence sur le ressenti de la douleur.
- Mais ne perdons pas de vue que les émotions ont parfois mauvaise presse, nous sommes souvent analphabètes de nos émotions. Il est donc de notre ressort d’aider à mettre des mots sur les maux : (peur, colère, tristesse, haine, désespoir …)
- Les dommages collatéraux, surtout dans le cas de personnes atteintes de cancer, nous essayons de préserver l’entourage, les proches, de ne pas les inquiéter etc …
- Il y a aussi des facteurs familiaux, comment avons-nous été éduqués à la douleur ? (Même pas mal d’abord du garçon, la chouinette de la fille, on cache ses émotions …, y a-t-il eut des personnes dans l’entourage disparues, douloureuses, souffrantes encore.
- Quel regard mon entourage porte sur moi ?
- Comment n’ai-je pas envie de me montrer ? (je me farde le visage, ex de christine qui s’habille bien …)
Composante affectivo-émotionnelle dans les douleurs chroniques
Si la douleur occupe une place particulière parmi les perceptions, c’est aussi du fait de la composante affective qui lui confère sa tonalité désagréable, pénible, parfois insupportable. Cette composante fait partie intégrante de l’expérience douloureuse et peut se prolonger vers des états plus différenciés telles que l’anxiété et la dépression.
ANXIETE ET DOULEUR
L’anxiété est un syndrome clinique défini par une inquiétude majorée le soir, une crainte, une peur, parfois flottante, sans raison, parfois focalisée sur une situation, un objet, associée à un sentiment d’infériorité, d’irritabilité, des troubles de la concentration, des signes somatiques notamment digestifs et une insomnie d’endormissement.
La crise d’angoisse s’exprime elle par la peur de mourir ou de devenir fou et par des manifestations somatiques qui motivent volontiers consultations ou hospitalisations (par ex des troubles cardio-respiratoires).
- Définition du symptôme : anomalie ressentie par le patient à cause d’une maladie (gêne, douleur, brûlure, sensation d’étouffement, fatigue, etc …)
- Définition du syndrome : Ensemble de symptômes et de signes qui sont caractéristiques d’une maladie. Par exemple, un syndrome infectieux comprend à la fois de la fièvre, des frissons et des suées.
DEPRESSION ET DOULEUR
La douleur est un symptôme de dépression et les auteurs s’accordent sur la fréquence élevée du symptôme douloureux chez les déprimés.
Mais la douleur fait craindre une chronicisation plus facile de la dépression. En effet, le symptôme douleur peut résister alors que l’humeur dépressive à été améliorée par un antidépresseur.
Quand une douleur résiste à notre compréhension, à notre bienveillante prise en charge, la tentation est forte d’évoquer une origine psychique, résumée par l’affirmation « c’est psy ». Nous sommes alors dans l’erreur. Ce n’est pas parce que le patient n’a pas de douleur somatiquement compréhensible que sa douleur est nécessairement psychogène.
A l’inverse, la dépression est un symptôme de douleur. Les signes dépressifs sont habituels chez le patient douloureux chronique : tristesse, troubles du caractère, perte des intérêts, fatigabilité, troubles de l’attention, insomnie.
L’APPRENTISSAGE DE LA RELAXATION ET DE LA GESTION DU STRESS SONT TOUT A FAIT EFFICACES DANS L’EXPRESSION EMOTIONNELLE DE LA PLAINTE ALGIQUE
(suite au prochain numéro)
L’IMPLICATION DE LA FAMILLE CONFRONTEE A LA DOULEUR CHRONIQUE
De façon générale, la manière dont la douleur chronique modifie le contexte familial peut s’évaluer à cinq niveaux :
a) niveau pratique
La douleur chronique induit des limitations fonctionnelles chez le patient et comporte une dimension invalidante qui, à des degrés variables, peut obliger la famille à opérer une redistribution des rôles et des taches (partage modifié des responsabilités dans la subsistance économique de la famille, dans son fonctionnement domestique, dans le soin apporté aux enfants etc …)
b) niveau affectif de l’attachement
Si la douleur détient ce pouvoir de « contamination » qui consiste à affecter non le seul patient, mais aussi chacun de ses proches, c’est avant tout parce qu’elle menace le lien d’attachement comme tel. Face à l’expression souvent dramatique et dramatisée des symptômes, les différents membres de la famille sont, chacun à leur manière, exposés à la crainte d’une maladie grave, thème souvent évoqué par les patients et leurs proches. En menaçant le lien d’attachement, la douleur chronique retentit sur ce qui en constitue la « portée » affective de base : la tension entre sécurité et insécurité existentielles.
c) niveau des règles de communication
La présence de la douleur se répercute également sur les règles qui régissent la communication dans la famille. Ces règles se modifient fréquemment en un sens qui vise à protéger contre les situations génératrices de tensions. Une règle familiale souvent observée est celle de l’évitement du conflit, dans le but de prévenir l’hostilité qui pourrait surgir à l’encontre du malade.
La douleur avec les menaces qu’elle éveille et les aspects invalidants qu’elle peut comporter, est elle-même un sujet dont l’on parle ou que l’on tait dans la famille ; elle peut encore se départager en aspects accessibles à la discussion et en d’autres dont il est implicitement interdit de parler.
d) niveau de l’éthique familiale
La notion d’éthique se réfère essentiellement au caractère « juste » ou « injuste » des échanges entre les membres d’un système familial. La douleur chronique touchant surtout les adultes, il n’est pas rare qu’elle affecte des personnes exerçant une fonction parentale. Or face à la douleur d’un parent, les ressources « réparatrices » des enfants sont souvent sollicités de façon massive. L’enfant est tout naturellement porté à protéger le parent souffrant. Il cherche son amour et son attention. Mais son souci et les efforts qu’il déploie pour prendre soin de lui ne sont souvent pas reconnus comme tels. Or, l’expression de la reconnaissance joue un rôle important dans la fiabilité des relations. A l’inverse, la non-reconnaissance peut engendrer d’importantes souffrances chez les proches et en particulier chez les enfants mineurs.
e) niveau de l’histoire familiale
La douleur chronique exerce des effets à long terme sur la vie des patients en imprimant certains tournants souvent irréversibles au cours de leur histoire (retrait hors du monde professionnel, social …). Son installation est un évènement qui agit aussi sur l’histoire de la famille. En règle générale, elle tend à y accentuer les tendances « centripètes » : tendances au rapprochement protecteur ou, comme lors d’une naissance, la famille se centre sur son espace et ses évènements internes, tout en renforçant les limites qui la départagent du monde extérieur. Comme telle, la douleur chronique risque de geler le développement des différents membres de la famille, en les retenant dans une forme de cohésion tenace, qui semble figer le temps de l’histoire individuelle et familiale.
SITUER LA SOPHROLOGIE DANS LES METHODES NON MEDICAMENTEUSES EN REPONSE A LA PLAINTE
LES APPROCHES NON MEDICAMENTEUSES ACTUELLES DE LA DOULEUR
- Approche et soutien psychologique
- Psychothérapies et démarche analytique
- L’Hypnose suggestive (Charcot)
- Puis l’Hypnose Ericksonnienne : cadre d’induction psychique ouvrant l’espace intérieur de choix au sujet et de ré-appropriation et restauration du Soi
- Qualité d’être et Accompagnement
- L’Homéopathie, phytothérapie, naturopathie
- Médecine chinoise, ayurvédique, tibétaine : basées sur un système de maintien en Santé en harmonie avec les éléments en présence dans la nature
- Le yoga, Do in, Tai Chi
- La méditation : multiples formes
- L’art du toucher /massage : shiatsu, ayurdévique et autres massages …)
- De ces traditions ont été puisées puis aménagées les techniques de relaxation : Schultz, Jacobson et la Sophrologie
Rappelons l’essentiel pré-requis : l’Authenticité du thérapeute !
CREER UN ATELIER DE CONSCIENCE CORPORELLE : DU CORPS DOULOUREUX AU CORPS RESSOURCE (pour les douloureux chroniques)
L’OBJECTIF PRINCIPAL : AMENER LA PERSONNE DANS UNE FONCTION DE CO-THERAPEUTE POUR AMELIORER SA QUALITE DE VIE
Pour devenir co-thérapeute il est utile de :
- Comprendre la douleur chronique et connaître SA douleur
- Ses propres conséquences
- Identifier les facteurs d’amplification
- Accepter cette réalité
- Connaître et comprendre les différentes thérapeutiques et leurs effets afin de les utiliser de manière optimale
- Limiter les conséquences de la douleur
- Agir sur les facteurs d’amplification
- Ne plus se comparer avec « Soi Avant »
- Ne plus attendre des autres
- Améliorer sa condition physique (marche régulière, activité physique adaptée, alimentation équilibrée, repos et sommeil réparateur, gestion du stress)
ATELIER A ORIENTATION SOPHROLOGIQUE
Les axes de travail qui peuvent être proposés, en sachant créer un cadre adapté et bienveillant
1) Observation « au cœur du corps »
2) Retourner le regard à l’intérieur
3) Etre témoin de la réalité de l’instant : déconnection mentale (rotation de conscience, en dynamique)
4) Perception du schéma corporel, actuel, de ses perturbations
5) Observation des tensions, limites, inconforts, latéralités
6) Acquérir la capacité d’observation et d’accueil de ce qui est là
7) Apprentissage guidé du souffle présent et dirigé
8) Relaxation profonde et guidée
9) Accueil des perceptions sensorielles, parfois enfouies, distordues
10) Restauration de la sensation d’unicité intérieure
11) Formulation positive d’objectifs immédiats à la réalité, réalisables par soi-même, écologiques
12) Mise en jeu de la créativité suggérée par le biais neurosensoriel et de la neuroplasticité cérébrale
PARTAGE D’EXPERIENCES … SOPHROLOGIE ET FIBROMYALGIE
La fibromyalgie n’est toujours pas considérée comme une maladie en tant que telle : c’est un syndrome, c’est un dire un ensemble de symptômes. Avant, les gens qui en souffraient étaient pris pour des dépressifs, des simulateurs des hystériques, des spasmophiles … bref, toutes les maladies qui, elles aussi, s’accompagnent de douleurs diffuses.
Actuellement, 2 millions de français sont touchés, dont l’immense proportion est représentée par des femmes (de 80 à 90%). Ce sont très souvent des personnes actives, dans le contrôle, sensibles au stress mal géré (cf : livre du
Dr Charley Cohen, rhumatologue, « La fibromyalgie, un état mystérieux enfin pris au sérieux »).
En effet, on retrouve un profil de femmes très particulier : elles sont combattantes, serviables, altruistes, toujours actives, mais aussi émotives, trop sensibles, ayant besoin de reconnaissance. Au final, elles n’arrivent pas à assumer la vie actuelle, et c’est alors que leurs corps parle. Chez toutes, on retrouve à peu près les mêmes signes : des douleurs baladeuses qui ressemblent parfois à des brûlures ou à des décharges électriques, des difficultés à dormir, une fatigue intense, un manque de concentration et des troubles de la mémoire.
Autant de manifestations qui peuvent apparaître à la suite d’un accident ou d’un traumatisme (mais pas toujours) et qui sont aggravées par le stress excessif. Les difficultés professionnelles ou personnelles sur un état déjà anxieux abaissent le seuil de la douleur et viennent aggraver les symptômes. Cet état crée une tension des muscles, et on voit apparaître des contractures musculaires douloureuses. Ainsi s’installe un cercle vicieux.
La fibromyalgie est la raison de 7% des consultations de médecins généralistes et de 14 à 20% des consultations de rhumatologie.
Schéma imagé des principaux points sensibles à la palpation dans la fibromyalgie
Etude de cas :
Magali, 40 ans Deux enfants, remariée, working girl, épouse actuelle d’un homme d’affaires, prise dans une spirale de course effrénée : super maman, super épouse, super sportive, super amie et tout à fond … J’aime être dans le speed, je ne pense pas … Mais à quoi au juste ??? A une enfance maltraitée, un divorce en cours qui ne se passe pas bien du tout, puis en la même année : braquage chez elle, groupe armé, ses enfants et son mari baillonés, le gang n’a pas été retrouvé, j’ai touché de près à la terreur et à la haine. 3 mois plus tard, sans avoir encore pu dépasser ce traumatisme, son frère se tue dans un accident de moto. Son seul et unique frère … Elle développe des troubles sévères du sommeil, je ne parviens plus à fermer les yeux car tout tourne, j’ai peur d’avoir une maladie grave mais je ne dis rien car je ne veux pas inquiéter mes enfants et mon mari. Elle manifeste des douleurs thoraciques l’empêchant de respirer, elle entre dans une errance thérapeutique et une obsession manifeste d’un cancer au sein (deux ans auparavant elle avait accompagnée jusqu’à son dernier souffle sa belle mère partie d’un cancer généralisé). Elle appelle chaque jour sa généraliste qui lui détaille tout son bilan qui ne signe aucune anomalie. Enfin, je l’oriente vers un rhumato qui lui avance une suspicion de fibromyalgie. Les douleurs thoraciques s’estompent mais se déplacent alors dans le bas du corps et le visage (maux de tête à répétition). Nous démarrons ensemble : rhumato, médecin généraliste et cardio une prise en charge globale. Elle reprend contact parallèlement avec sa psy. De mon côté, nous axons le travail sur une volonté de réapprivoiser le corps qu’elle bichonnait au quotidien. Les séances sont basées sur de la RD avec objectif principal de les vivre au fil du temps les yeux fermés. Assise, allongée par la suite car debout tout tangue. Puis, on aborde les préparations au sommeil, Cd à l’appui (rassurance), le Cd tourne en boucle, mais cela est déjà un grand pas. L’anxiété diminue, et nous abordons l’acceptation du deuil de la wonder woman, en devenant une femme plus à l’écoute d’elle-même.
Christine, 45 ans, mariée 3 enfants, une enfance maltraitée, fille non désirée par ses parents et l’ainée … Elle excelle dans son travail d’Atsem dans une école maternelle depuis 15 ans. Elle s’y sent épanouie et heureuse. C’est ma bouée de sauvetage car le climat affectif et familial regorge de tensions. Au départ, problèmes digestifs (côlon irritable) puis sciatique, puis maux de dos sévères. Prise de poids liée au déconditionnement des douleurs et de l’état de fatigue général. Elle cache son état, puis diagnostic posé, elle pleure de soulagement, elle rejoint alors l’unité de la douleur de la Timone et revient bouleversée : je dois accepter d’avoir mal. Nous travaillons alors sur que me fais ma douleur.
Fanny, 17 ans, un grand frère, vit avec leur mère et décès du papa brutal sous ses yeux un matin partant à l’école (11 ans). Le traumatisme est intact, c’est sa mère qui me contacte, Fanny souffre, je sais qu’elle ne me dit rien pour m’épargner … Oui, épargner sa maman veuve trop tôt, dont la sœur meurt d’un cancer foudroyant 6 mois plus tard, doubles travail de deuil à traverser, mais dans le silence et le souci des enfants. Elle refait sa vie, à la joie ou presque de ses enfants et ce compagnon déclare une leucémie. Fanny ne m’a parlée de sa fibromyalgie qu’au bout de deux mois, elle a d’abord eu besoin de pleurer son papa, de ne pas avoir peur de mettre autour de son cou la chaine qui lui avait offert pour son dernier anniversaire. Elle est une excellente élève mais paralysée par le stress et la peur de mal faire. Le travail a été axé vers une libération émotionnelle, et un renforcement de la confiance dans sa scolarité avec pour ressource son atelier de théâtre. Les deux premiers mois, elle grimaçait et les contractures qui se relâchaient l’impressionnaient. Elle avait pour projet un voyage scolaire aux Etats Unis : j’ai peur de laisser maman, toute seule. Elle y est arrivée, aidée par sa maman qui l’encourageait. Bilan du travail après son bac français qu’elle avait passé sans malaises, ni passages aux urgences pour maux de ventre insupportables. Finalement, ce qui me reste de ma fibromyalgie c’est de manger des bananes.
Nicole, 55 ans de grands enfants, mamie dynamique d’une petite poupée de 2 ans. C’est elle qui m’a empêchée de sombrer. Commerçante à Marseille, elle se fait braquée en plein jour. J’ai perdu la parole et suis tombée dans la dépression. Fibromyalgique depuis peu, elle consulte l’unité de la douleur. Axe de travail : retrouver mon dynamisme pour ma petite fille car j’ai des projets.
SOPHROLOGIE ET DOULEURS LIEES A UN CANCER
Chaque patient et chaque cancer sont différents. Les douleurs rencontrées pendant la maladie sont très variables. Pendant un cancer, une douleur peut être liée à la tumeur elle-même, aux traitements du cancer comme la chirurgie, la radiothérapie ou la chimiothérapie principalement ou aux soins et examens médicaux nécessaires au diagnostic et au suivi de la maladie (piqûres, pansements, prélèvements).
La tumeur n’est pas douloureuse en elle-même. En revanche, elle provoque des douleurs lorsqu’elle comprime ou détruit certaines parties du corps ou l’empêche de fonctionner normalement. Les douleurs du cancer ne sont pas forcément un signe de gravité. Elles dépendent principalement de l’endroit où est située la tumeur.
LES DOULEURS PROVOQUEES PAR LES TRAITEMENTS DU CANCER
Les traitements du cancer sont de plus en plus efficaces … Ils permettent de guérir plus de la moitié des cancers. Mais cette période peut être éprouvante. Les traitements provoquent des effets indésirables, souvent responsables des premières douleurs. Pour beaucoup de patients, le début des traitements représente l’entrée concrète dans la maladie car, avant cela, ils ne se sentaient pas malades.
Après une intervention chirurgicale
Tout de suite après l’intervention, des douleurs appelées postopératoires sont systématiques. Elles sont dues à plusieurs facteurs : l’incision de la peau, les manipulations réalisées à l’intérieur du corps, l’anxiété, l’immobilisation, le retrait d’un drain (tuyau souple et fin maintenu à l’intérieur d’une plaie qui permet d’évacuer le sang ou des sécrétions afin d’éviter un hématome ou une infection) ou la pose d’une sonde (tuyau rigide ou flexible destiné à explorer un canal ou une cavité du corps, à en évacuer le contenu ou à y introduire un produit. Ce sont des douleurs aigues qui disparaissent en quelques jours, le temps que la cicatrisation soit complète. Elles sont de mieux en mieux maîtrisées.
Après une chimiothérapie
Elle consiste à utiliser des médicaments toxiques pour les cellules cancéreuses. Ces médicaments empêchent les cellules de se multiplier, jusqu’à ce qu’elles meurent et disparaissent. Ils peuvent être administrés par injection, perfusion ou parfois sous forme de comprimés. La chimio est un traitement général, c'est-à-dire qu’elle agit dans l’ensemble du corps. Les médicaments utilisés ont parfois un effet toxique sur des cellules saines, surtout celles qui se renouvellent rapidement, comme les cellules du sang, de la peau ou des muqueuses.
- Douleurs au niveau de la bouche : mucites (inflammation des muqueuses de la bouche ou du système digestif, qui se manifeste par une rougeur, une douleur et des aphtes plus ou moins nombreux), picotements, sensations de brûlures …
- Douleurs sur la peau : des douleurs et des rougeurs peuvent apparaître au niveau de la paume des mains et de la plante des pieds.
- Douleurs liées à une atteinte des nerfs : ce sont des douleurs neuropathiques.
Pendant une radiothérapie
Elle consiste à utiliser des rayons qui détruisent la tumeur ou réduisent son volume. En eux-mêmes ils sont indolores mais au fur et à mesure des séances, des douleurs peuvent apparaître. En effet, les rayons traversent des tissus non malades pour atteindre la tumeur et provoquent alors une inflammation qui se traduit par des sensations d’échauffement ou de brûlure dans la zone irradiée, en particulier à la surface de la peau ou au niveau des muqueuses.
Lors d’autres traitements
Comme l’hormonothérapie (action contre certaines hormones qui stimulent la croissance de la tumeur), l’immunothérapie (stimulation des défenses naturelles de l’organisme contre la tumeur, avec des vaccins notamment) et les anti-angiogènes (destruction des vaisseaux sanguins qui alimentent la tumeur). Il s’agit souvent de douleurs musculaires et articulaires ou réactions inflammatoires locales.
- Charles, 65 ans, atteint d’un cancer de l’œsophage. Pas d’opération possible, pose d’une prothèse, annonce très mal vécu, chez d’entreprise en voie de passation de pouvoir à son fils, décidé à bien profiter de sa retraite après tant d’années de travail.
Douleurs dans la trachée, difficultés de déglutition, brûlures pendant la digestion, grande anxiété, tempérament nerveux et très inquiet. Je veux me battre. - Laurence, 45 ans malade d’un cancer chronique depuis 3 ans. Douleurs dans le dos, aphtes à répétition une envie de vivre débordante.
- Andrée, 59 ans, atteinte d’un cancer du colon avec ablation de la rate et tête du pancréas. Douleurs légères dans les articulations.
Découverte du livre du Dr Carl Simonton : Guérir envers et contre tout
Travail d’imagerie mentale pendant la chimiothérapie. - Hélène, 69 ans, opérée d’un cancer de la mâchoire il y a trois ans. Douloureuse chronique.
- Catherine, 42 ans, opérée d’un cancer du sein, douleurs naissantes au démarrage de l’hormonothérapie.
- Monique, 65 ans décédée, accompagnement en fin de vie, un cancer des poumons et douleurs atroces dans le dos avec de nombreuses métastases.
- Thomas, 50 ans opéré il y a un an d’un lymphome dans le bassin. Douleurs dans tout le corps.
SOPHROLOGIE ET DOULEURS LIEES A L’OBESITE
Les douleurs sont variables, mais souvent sont : des douleurs de dos (lombalgies, cervicalgies …), des sciatiques à répétition et douleurs articulaires (hanches, genoux …)
Conclusion
Dans cette si belle relation humaine, l’objectif est de ramener le sujet au centre de sa vie, vie dont il peut, peut-être, redevenir l’acteur, et ce, malgré ces douleurs.
En plus de se demander pourquoi le patient a mal, on pourrait se demander comment il souffre. Rappelons encore une fois que nous ne prenons pas en charge la douleur mais un patient douloureux qui a une histoire, une histoire avec sa douleur, des représentations, des angoisses et des expériences douloureuses antérieures.
Peut-on dire de quelqu’un qu’il aurait mal pour la première fois ???
Anne Guttierez, sophrologue