Auteur : Christine JOANNES, sophrologue
ETRE EN SURPOIDS C’EST SOUFFRIR
Les kilos sont souvent une histoire de souffrance : que l’on ait 3, 10 ou 20 kilos de trop ou plus… la souffrance éprouvée n’est pas proportionnelle, et tout kilo superflu peut engendrer un mal-être…. En effet, 83 % des femmes entre 18 et 65 ans se trouvent trop grosses ; 33 % des hommes seulement !
« Ces bourrelets me dégoûtent ce gros ventre est trop moche à regarder… Aller dans les magasins est très déprimant, ça me donne envie de pleurer… humiliation de tous les instants»… « Je ne supporte plus qu’on me traite de gros nounours bien gentil » ou bien « j’en ai marre d’être le gros rigolo de service, jovial, disponible… »
En France en 2012, le surpoids touche 33 % des >18 ans, l’obésité = 15 % de la population environ (34 % aux USA), et 52.7 % sans surpoids. La région Nord compte le plus fort taux de surpoids et obésité, et le taux le plus faible est en région Midi-Pyrénées… Aux USA, un individu sur 3 est en poids « normal » (Obésité = IMC > ou = 30) – IMC = poids/taille au carré) (IMC = index de masse corporelle)
SURPOIDS MODERE | SURPOIDS IMPORTANT | SURPOIDS MAJEUR |
IMC : 25 à 26,5 | IMC : 26,5 à 28 | IMC : 28 à 30 |
IMC > 30 -> OBESITE | ||
OBESITE MODEREE | OBESITE IMPORTANTE |
OBESITE PATHOLOGIQUE |
IMC : 30 à 34 | IMC : 34 à 38 | IMC : 38 à 42 |
IMC > 42 -> OBESITE MORBIDE |
Fantasme du poids idéal : celui que l’on vise est rarement notre poids naturel, d’équilibre ou de confort, c’est celui que l’on poursuit toute sa vie. Encouragé par l’IMC non transposable à l’individu puisqu’il s’agit d’un calcul normatif. L’IMC ne tient pas compte de l’histoire pondérale du mode de vie, de l’héritage génétique de la personne. --> plutôt que de courir après le poids idéal, il vaut mieux chercher son poids d’équilibre, celui dans lequel on s’installe durablement sans effort quand on est vraiment à l’écoute de ses sensations corporelles et alimentaires (Apfeldorfer)
Côté enfants : en 15 ans, le nombre d’enfants obèses a doublé : aujourd’hui, 12 à 15 % d’enfants de 5 à 12 ans sont touchés – 17 % aux USA)
L’égalité par rapport au poids
Le poids c’est ce qui oppresse, fatigue, que l’on traîne… mais c’est aussi une force qui peut en imposer.
Originellement, la majorité des obèses se trouvait tout simplement chez les riches. Plus on possédait, plus on se nourrissait. Il fallait donner à voir…
Aujourd’hui, les niveaux socio-culturels plus élevés sont les moins touchés : ils savent ce qu’il faut faire pour éviter le surpoids, pratiquent un sport, économiquement ils peuvent choisir des produits bio moins frelatés, et ils sont sensibles aux différentes méthodes de soins du corps… on se doit également de donner à voir un corps en forme et toujours jeune… Ce qui ne signifie pas forcément que l’on porte de l’amour ou du soin véritable à son corps, mais que ce corps est utile, donc on le maintient en bon état de marche…
Nous ne sommes pas égaux devant ce que notre corps fait de la nourriture. Entreront en ligne de compte :
- Héritage génétique : physiologique et morphologique, mais aussi psychologique (Mathilde)
- Histoire alimentaire : habitudes + sens donné à la nourriture dans son enfance (Marina)
- Histoire personnelle : manques, fragilités
- Age… grossesses, ménopause…
Tout surpoids fait souffrir à la fois dans son corps, dans son esprit, dans son image…
Au niveau du corps… L’excès de poids fait payer tôt ou tard, toutes les parties du corps… la colonne vertébrale, douleurs dorsales, les genoux supportent mal un poids excessif, le cœur doit fournir de plus gros efforts, apnées du sommeil, problèmes de peau… gênes dans les activités quotidiennes.
Au niveau psychisme, le surpoids est source de souffrance car toute confrontation à son image, quel que soit le miroir, est douloureuse… isolement, sexualité compliquée, privations, on n’est pas sur les photos, honte, culpabilité, mépris de soi, voire haine de soi. Désespoir devant les yoyos des régimes successifs.
Au niveau de l’image : être en surpoids c’est aussi se confronter aux regards des autres, à des réactions négatives blessantes : on assiste à une diabolisation du surpoids, une survalorisation de la minceur, et une idolâtrie des apparences corporelles : 41 % des garçons et 63 % des filles de 11 à 20 ans veulent changer de silhouette.
L’obésité est vécue comme une faute de goût et révèle un échec de la maîtrise du corps et de l’esprit, de la direction de sa vie, un échec global de la personne… Etre gros est tout à la fois une faute morale, considéré comme un défaut de volonté, un trop plein de paresse, une faute contre la santé publique, une faute esthétique car la graisse est laide… L’obésité classe donc parmi les « losers ». Grossir conduit à une plongée dans l’enfer et à une forme d’exclusion.
Les histoires de poids, quoiqu’il en soit, sont souvent des histoires de désamour, ou plutôt d’anamour… ou de trop d’amour… enfin, ce sont des histoires de confusion dont une certaine violence n’est pas exclue.
Il s’agira pour sortir de ces souffrances, de contacter une compréhension intime de ce que l’on a vécu, de ce que l’on est, de la place que les kilos occupent dans notre histoire…
Mais le surpoids, c’est aussi un problème d’incarnation.
La séparation entretenue entre le corps et l’esprit, entre « terrestre » et « sacré », fait que nous ne tenons ni la nature ni le corps pour sacrés. Or le corps n’est pas l’enveloppe de l’esprit, il est l’esprit sous sa forme physique. Le corps incarne, donne chair… Le corps et l’âme ne sont pas séparés, donc guérir le corps au niveau le plus profond est un travail de l’âme, et écouter, apprendre du corps revient à se rapprocher de soi-même. Le corps est l’âme faite chair et non son simple véhicule. Reconnaître son corps, même s’il n’est pas « conforme », lui permettre de vivre pleinement, de le chérir comme on chérirait un bébé, plutôt que de contrôler ce qui entre et ce qui sort, ce qu’il lui faut ou ne lui faut pas, de le soumettre à des diktats ou au dernier régime à la mode, est crucial.
Notre corps n’est pas défini uniquement par son poids, mais aussi par sa forme, ses sensations, la silhouette qui ne sont pas quantifiables. Or c’est l’énergie qui crée la forme : être en forme, c’est avoir de l’énergie ; notre corps est bien cette entité qui nous permet d’agir dans le monde.
Décider de s’occuper de son poids, c’est avant tout s’occuper de la forme de son corps parce qu’elle ne nous convient pas ou plus, ou qu’on ne la connaît finalement pas… de son énergie, de son intérieur.
QU’EST-CE QUI FAIT QU’ON GROSSIT ?
Quelle qu’en soit l’origine, le surpoids intervient quand « quelque chose ne va pas », souvent non identifié clairement ; manger trop, mal, est censé réparer et combler un besoin qui n’est pas repéré. On mange, on mange… on va de l’hyperphagie parfois jusqu’à la boulimie… mais on ne répond pas à son vrai besoin.
Ces kilos que nous traitons comme des boulets ne sont jamais là par hasard. Mais ils sont le résultat d’un trop d’entrées, et d’un trop peu de sorties : trop de nourriture, pas assez d’exercice, notamment. Mais surtout liés à un mal-être, récent, ancien, souvent inconscient. D’une résignation.
Anxiété, dépression, agressivité, sexualité, affectivité frustrées, sentiment d’infériorité, solitude, auto-punition… On se « venge » sur la nourriture. On se cache derrière sa graisse, on se protège. Tout surpoids permet l’évitement de la rencontre, de la relation amoureuse… Un secret de famille peut également peser sur notre âme et notre cœur, notre corps…
Mais les régimes quels qu’ils soient, ne viendront jamais à bout des problèmes divers cachés sous l’obsession de la minceur.
Notre corps est fait pour résister au manque, pas à la surabondance. Nous utilisons la nourriture pour d’autres fins que le plaisir gustatif, et la nutrition corporelle : souvent pour des raisons extérieures à la faim : distraction quand on n’a pas envie de faire quelque chose, faire plaisir à papa ou maman, être fort, sage… conforme…par solidarité avec ceux qui n’ont rien à manger, on mange comme 4, pour 2 quand on attend un enfant…
12 causes de surpoids : « conflits de poids » = 12 raisons inconscientes d’accumuler les kilos inscrites en nous par notre histoire familiale.
1. la survie
2. l’abandon
3. le manque
4. la non-communication
5. la fidélité
6. la manipulation
7. l’ego
8. L’invisibilité
9. l’appartenance
10. la féminité
11. la masculinité
12. la sexualité
Chaque prise de poids aura son histoire propre. Généralement, les personnes en surpoids cumulent cinq à six conflits.
Chez les enfants : à l’instar de certains adultes, la quasi-totalité des enfants obèses mange trop sans s’en rendre compte ; quand on les interroge, ils sous-estiment toujours leurs apports.
Les habitudes alimentaires se prennent dès l’enfance, et les adultes sont responsables de l’éducation alimentaire des enfants ; les mères sont le modèle sur lequel les enfants s’appuient, et tous nos messages (non-verbaux en particulier) sont intégrés. Les repas sont souvent déstructurés, les enfants quittent la table, mangent devant la télé…
Pour chacun, la nourriture est profondément affective : c’est le premier dialogue que l’enfant noue avec sa mère et c’est à travers le sein ou le biberon qu’il découvre le plaisir. La pulsion orale commande à la fois l’appétit, la parole et l’amour –c’est en absorbant le lait maternel que nous avons découvert ce sentiment.
La relation avec la mère dans l’enfance est déterminante ; beaucoup de mères ont tendance à gaver leurs enfants, soit par affection, soit par anxiété… ou pour être une « bonne mère » aimée ! Désemparées face aux pleurs de bébé, des mamans offrent systématiquement tétine ou biberon, comme si la bouche était le lieu de toutes les solutions… Lorsque la nourriture est liée à la notion de récompense, ces mères impriment dans l’esprit de leurs enfants des comportements dont ils auront beaucoup de mal à se défaire à l’âge adulte… Bannir le système de récompense-chantage : si t’es gentil t’auras un bonbon, si t’es pas sage, tu seras privé de dessert… Ou pire resservir le lendemain ce qui n’a pas été mangé, ou forcer (= violence)à finir son assiette, faire penser aux pauvres malheureux qui n’ont pas à manger, repenser à la guerre !!!
Apprendre aux enfants à manger de tout, ensemble, à sa faim et sans plus. Cela s’apprend autour d’une table jour après jour. Donner l’exemple. Eviter la morale de ce qui est bon et pas bon pour… (le bien et le mal).
Certains enfants rassurent une mère anxieuse en affichant leur appétit ; d’autres, s’identifient au père et mangent « comme papa » et engloutissent des parts d’adultes. A l’inverse, certains enfants ne veulent pas « manger de ce pain-là »… La nourriture peut aussi servir à s’isoler des autres, à jouer le rôle d’un compagnon destiné à meubler solitude et ennui, à masquer une dépression. Sans compter le temps passé devant l’ordinateur avec des aliments faciles qu’on engloutit entre deux jeux sur sa console…
Un enfant obèse est souvent plus immature, moins autonome et plus vulnérable : il n’a pas investi d’autres activités comme la lecture, le sport, les jeux qui développent l’imaginaire et permettent de se structurer. Quand l’enfant est « pris » par quelque chose et « acteur » de ses loisirs il ne pense plus à manger. On observe une corrélation entre temps passé devant la télé et obésité.
Idée que le « gros » est responsable de son poids ; la stigmatisation qui touche l’enfant dès son plus jeune âge peut le conduire à se renfermer dans son surpoids. L’obésité menace la santé : arthroses des genoux, scolioses aggravées par excès de poids ; apnées du sommeil -> troubles de la mémoire… puis persistance à l’âge adulte.
Pour les filles, le rôle du père est fondamental car c’est lui qui donne la confiance : nombre de femmes en surpoids évoquent un père absent, non-protecteur, ou qui ne les voyait pas, ou encore pire, qui faisait des « attaques » du corps verbales ou physiques.
Dans plus de 80 % des cas, l’obésité est liée à un trouble constitutionnel. Les obésités réactionnelles plus rares, sont liées à un traumatisme : accident, hospitalisation, divorce des parents… mais également secrets de famille.
LA RELATION AU CORPS, A SOI …
La distance est grande entre la réalité de nos corps, l’image que nous en avons, et une image nourrie par les médias et la pub. Nous ne nous voyons pas tels que nous sommes, mais tels que nous avons été aimés ou mal aimés, voire maltraités. L’image que nous avons de notre corps n’est pas que visuelle, c’est aussi une image affective : nous ne voyons souvent que nos défauts physiques, nous nous inventons des tares, focalisons sur ce que nous n’aimons pas…
Le surpoids, l’obésité en particulier, parlent des limites du corps et de la façon dont on les ressent… mais aussi de volume, de perception de son schéma corporel, de ressentis… ou d’absence de ressentis concernant ses contours, sa densité, son énergie. Tendu ou apaisé, lourd ou léger…
Des sensations de plein et de vide (se remplir, vomir…) qui renvoient souvent à des vécus archaïques. L’obésité parle du lien à la mère qui est passé par la nourriture : une des premières expériences du bébé est celle de l’estomac plein lors de la 1ère tétée.
Pour nous réconcilier avec notre enveloppe, nous devons en passer par une exploration des fantasmes que nous entretenons à son propos. Qui était ce bébé pour sa mère ? Le nourrissage était-il un moment d’échange, de plaisir, de parole, de tendresse ou au contraire du « remplissage » limité au besoin voire un gavage ?
Le corps ne fait pas nos 4 volontés : il n’est pas malléable à merci. Dès lors qu’on le force, qu’on le prive, qu’on le contraint, il résiste, proteste, fait grève ou bien échappe.
Alors que la volonté, oppose l’esprit au corps, il est indispensable pour perdre du poids, de développer une plus grande confiance en ce corps qui n’est pas un ennemi, mais notre ami. Il importe de réunir le corps à l’esprit, donc d’écouter ses messages codés : développer la confiance en ces messages permet d’affiner la sensibilité et l’unité du corps et de l’esprit, sans sacrifier le plaisir. -> abandonner les habitudes de méfiance, de restriction, de déni…
Laisser la bride sur le cou à notre corps, écouter ses appétits, n’est pas aussi dangereux que le laisse à penser l’idéologie de la maîtrise, ou pire, du contrôle : en fait lorsque nous sommes en paix avec nous-mêmes, et lorsque nous laissons les choses aller, nous faisons le poids que nous devons faire, en fonction de notre génétique, de notre histoire, de notre mode de vie.
« Si le bon poids est le poids d’équilibre, celui qui ne nous coûte pas d’efforts pour être maintenu et qui respecte notre morphologie, alors ce bon poids-ci fait un beau corps : un corps accepté que l’on aime soigner et mettre en valeur ».
Notre balance et nous, une relation toxique
La balance réduit l’être à un tas de kilos ! Elle nous prive d’une liberté essentielle : celle qui consiste à se faire confiance pour faire les choix de vie que l’on estime générateurs de bien-être physique et psychique, en fonction de son ressenti personnel.
Se peser 1 fois par mois, sur une balance pas trop précise qui encourage l’obsession et entretient les idées fausses sur son rapport au corps et à l’alimentation, éviter les balances parlantes qui distribuent les bons et mauvais points…
La relation à soi :
Ne pas s’aimer, c’est penser que l’on est mauvais à l’intérieur de soi. Les périodes de régime associées à l’impression d’être courageuse, volontaire, fine, légère, alternent avec les périodes d’excès, associées à l’impression d’échec, de honte, de perte de contrôle = phase « délinquante ». Pour maigrir durablement, il faut se réconcilier avec cette délinquante qui est en soi. La délinquante est celle qui lutte contre le modèle idéal qu’il faut adopter pour plaire à tous.
On se console de la dévalorisation en mangeant, ce qui conduit à grossir.
LA RELATION A L’ALIMENTATION
De tous temps, la nourriture a eu valeur de symbole et de langage. Dans certaines familles, on remplace le langage par la nourriture : on offre à manger pour compenser les messages d’amour qu’on ne prononce pas. Ce sont les interminables repas du dimanche, où l’on doit finir les plats sous peine de blesser gravement cette mère aimante, qui a mis dans les mets cuisinés autant d’amour que d’épices.
L’acte de manger est l’acte le plus social et le plus intime que nous puissions accomplir et sa fonction biologique est incontournable
Pas de société sans règles alimentaires très rigoureuses. Les cuisines du monde entier sont structurées comme des langues, avec des normes précises pour la préparation des aliments, la confection des repas, la consommation, aussi incontournables que des règles de grammaire.
Naguère, les règles collectives, religieuses régissant les conduites alimentaires étaient très précises ; aujourd’hui les règles sont celles de la diététique. Mais l’individu est le seul maître à bord de ce qu’il absorbe, la décision lui appartient. Aujourd’hui il est confronté avec angoisse parfois à une immensité de choix, à l’abondance, à l’absence de limites qui peuvent générer une surconsommation. Comment bien se nourrir en trouvant la façon juste de s’alimenter ? On recherche alors du côté de la science, des medias, ces règles rigoureuses que la culture, la religion, la tradition ont cessé d’apporter. Seulement, la spécificité de la science est d’évoluer en permanence : on ne peut pas compter sur elle pour composer nos menus.
Les règles alimentaires posées par les humains sont en relation directe avec les lois symboliques qui assurent la cohésion des groupes. On mange aussi pour mieux vivre ensemble.
Nourrir la famille est l’affaire des femmes. Nourrir l’autre, c’est lui dire qu’on l’aime. Manger ensemble, c’est partager la même source de vie. Le mangeur solitaire, déstructuré, risque la déprime, car quand les conduites alimentaires sont coupées de toute signification sociale, de tout modèle collectif, ne le reliant plus aux autres…
On mange (depuis l’enfance) pour des raisons extérieures à la faim : être fort, un bon garçon, finir son assiette. Le grignotage répond à un besoin de distraction, de consolation… si ce besoin continue à être non assouvi, le grignotage continue.
Lorsque la faim apparaît, notre organisme sait qu’il est temps de refaire le plein de « carburant ». Trop manger est le signe que quelque chose ne va pas dans sa vie et non pas que quelque chose ne va pas en soi…
- Faim sensorielle : le désir de manger.
- Faim affective : la pulsion de manger.
- Hyperphagie réactionnelle : consiste en une augmentation de la prise alimentaire apportant au sujet une certaine satisfaction immédiate.
- Les compulsions alimentaires : épisodes répétitifs de frénésie alimentaire : absorption d’une grande quantité d’aliments en un temps limité, suivis d’un sentiment de culpabilité.
- Les compulsions sont des conduites addictives : le terme « addiction » vient du latin « ad dicere » = attribuer quelqu’un en esclavage à un maître. Dépendre c’est être assujetti à quelque chose ou quelqu’un, être sous sa domination. La nourriture est au même titre que la cigarette, l’alcool, le jeu, un « objet » de conduite addictive.
- Boulimie : besoin irrépressible de consommer une quantité excessive et non contrôlée d’aliments avec ou sans vomissements et/ou utilisation de laxatifs.
Ce comportement anarchique remonte à une relation difficile avec la mère : la personne mange parce qu’elle ne sait pas « se nourrir » de la relation, elle cultive une personnalité dépendante. N’ayant pas été rassurée comme elle aurait dû l’être, elle se « sent » abandonnée.
L’ACCOMPAGNEMENT THERAPEUTIQUE
Le poids s’installe progressivement, et il ne peut pas partir d’un coup de baguette magique : c’est une des causes de l’échec des promesses-miracles des régimes-minceur qui font miroiter une perte de poids importante et rapide. On ne veut rien changer dans la durée, on sacrifie tout pendant 3 semaines, plaisir, vie sociale, qualité nutritionnelle, et on mange des haricots verts « à volonté », des sachets protéinés, on s’inflige une sinistrose alimentaire… jusqu’au prochain dérapage qui nous verra tomber dans le chocolat, les gâteaux…
La notion de régime ajoute une privation, donc une contrainte stressante à une situation qui l’était déjà trop. Loin de répondre au besoin de compensation ou de gratification, le régime l’amplifie. Pour maigrir, il faut d’abord changer la façon dont on réagit aux situations d’inhibition ; c’est ce qui permet d’adopter un nouveau comportement alimentaire sans régime ni contraintes. Abandonner l’idée de régime « je sais ce qu’il faut faire » .
Il faut compter 6 à 12 mois de travail thérapeutique pour déprogrammer les automatismes et les habitudes néfastes, aider à décrypter sa relation à la nourriture, renouer, voire nouer une relation à son corps, à soi-même, déstresser, reprendre confiance, ou apprendre à fixer des limites, à dire OUI, à dire NON, développer la perception de son corps dans l’espace, retrouver sa juste place dans sa famille, dans son travail, bref, changer…
« On ne peut changer une chose sans tout changer » ; pour être sain et durable, notre régime doit s’harmoniser avec notre façon d’être au monde. Il ne s’agira donc pas d’un régime, mais bien d’un nouveau mode de vie qui va se mettre en place petit à petit.
Les personnes en surpoids sont souvent à distance de leur corps, ne le touchent pas, ne le regardent pas ; c’est un corps utile, un compagnon de souffrance, comme s’il n’existait pas et à la fois si encombrant, si lourd, comme s’il devait se rappeler à la mémoire, et crier son existence !
En prenant le temps de nous accueillir avec bienveillance, en modifiant le regard que nous portons sur nous-mêmes, nous apprenons à nous aimer pour de bon. L’essentiel est là et maigrir ou pas devient accessoire. En découvrant que nous possédons, au fond de nous ce que nous demandons inconsciemment à la nourriture, il ne reste plus qu’à faire la paix avec ce corps que nous avons l’habitude de torturer.
D’abord, lâcher la tête, si présente chez les personnes en surpoids … Et créer un lien entre cette tête valorisée et ce corps nié.
La respiration est un lien puissant entre corps et esprit, une passerelle entre les différentes couches d’un être. Nous mangeons aussi précipitamment que nous respirons ; nous avons perdu le rythme naturel de notre respiration -> retrouver le naturel de la respiration permet de retrouver le naturel de manger.
Assez vite, dans le travail avec les patient(e)s intervient le contact avec le corps vivant ; des gens qui ont maigri et regrossi, n’ont souvent plus conscience de leur gabarit, de leur silhouette.
Le psychodrame : c’est une « psychothérapie debout » (opposé par Moreno à la thérapie couchée !) active, et dans son principe, de groupe (opposé à l’individuel), tournée vers l’avenir, le mouvement… qui met en jeu l’expression verbale et le corps dans son authenticité, le non-verbal : les postures, les gestes, les mimiques, les mouvements musculaires, l’action-réponse. Il s’agit de vivre en groupe une ou des situations passées, présentes ou futures, réelles ou imaginaires, non pas en la racontant, mais en la jouant, dans une action improvisée
La psycho-généalogie : c’est une démarche qui nous permet de comprendre et d’utiliser au mieux notre héritage psychique et/ou de le transformer, c’est un travail sur l’histoire de famille, ses secrets, ses loyautés, la place de chacun, les abandons, les traditions… « la psycho-généalogie, c’est d’abord assumer le passé, mais aussi butiner dans le jardin familial pour en faire son miel » dit Anne Ancelin-Schützenberger.
Dessin des kilos superflus, ou de la ligne de vie
Le mandala : Le Mandala est un « cercle sacré, centré », cercle magique en sanskrit
Effet du mandala = rassembler ses morceaux, exister en tant que sujet. Le travail avec le mandala va provoquer des changements, des transformations à l’intérieur des individus.
Introduire de nouvelles habitudes :
- S’occuper de soi : je recommande l’auto-massage (udvartana avec farine de pois chiche), ou massages à l’huile de sésame…
- Activité : le mouvement aide à se réhabiliter
- Manger en conscience : Manger en pleine conscience permet d’être en contact avec les messages du corps…
Apprendre à percevoir le double mouvement de faim et de satiété, distinguer la faim et l’envie qui sont deux choses différentes.
1. manger ce dont on a envie
2. quand on a faim
3. ne pas manger quand on n’a pas faim
4. ni quand on n’a plus faim
5. diversité (couleurs, les plaisirs -> apport vitaminique et minéral).
6. fraîcheur des aliments
7. un vrai petit déjeuner, un déjeuner, et le dîner léger
Conclusion
Le bonheur n’est pas obligatoirement au rendez-vous des kilos perdus ! Souvent il fuit devant les modifications du corps.
Aller plus loin pour trouver la racine du mal, répondre aux questions : de quoi ai-je peur ? Qui suis-je vraiment ? Comment trouver ma place parmi les autres sans être ni passive ni rebelle mais simplement moi-même…
Apprendre à dire ce que l’on ressent, à entendre ce que l’autre ressent… en reconnaissant à l’autre sa place, on apprend à prendre la sienne… Dire ce que l’on ressent est difficile, car pendant des années les personnes en surpoids ont anesthésié leurs émotions et remplacé leur expression par un acte : manger. Les personnes en surpoids n’ont souvent pas accès à la parole puisqu’elles mangent et que l’on ne parle pas la bouche pleine…
Se méfier des régimes qui promettent un changement sans le changement … retrouver la « Légèreté de l’être »
Christine JOANNES, sophrologue