Auteur : Malvina Girard
J'ai d’abord expliqué quelques notions importantes en sophrologie comme l'envie de faire en tant que démarche personnelle, l'intérêt de s'impliquer, la place de la volonté, l'intentionnalité, la bienveillance et le fait de ne pas forcer dans le but de vivre au mieux ces séances et d'en retirer les bienfaits. Ensuite, je les ai informés sur le déroulement des séances, l'importance d'évoquer tous les doutes, gênes et questionnement qu'elles pourraient avoir. Puis après ces mises au point et leurs accords respectifs, nous avons commencé une collaboration de 9 mois, soit 30 séances, où nous avons pu aborder les 4 degrés de la sophrologie.
J'ai tout d'abord consacré du temps à chaque séance, et ce pendant plusieurs semaines, à leur expliquer non seulement la méthode et les 4 degrés de la sophrologie mais aussi simplement le «comment et pourquoi» ça marche. Nous avons ainsi abordé la respiration et le diaphragme, la relaxation et ses bienfaits, la méditation et ses bienfaits, les phénomènes sensoriels, les émotions, le système nerveux avec le sympathique et parasympathique, le stress, le cerveau et ses fonctions, la visualisation, la pensée positive... Elles ont été réellement passionnées.
Chaque fois que je le peux, selon la séance que je propose, j'aime à rappeler ces notions ; elles comprennent concrètement comment et pourquoi ça fonctionne. Leur implication, leur motivation ainsi que les résultats obtenus s'en trouvent renforcés : au plus on s'implique, au plus on s'entraîne, au plus le processus mis en place sera rapide, efficace et les résultats concrets.
Je ne vais pas ici relater en détail toutes les séances proposées mais juste dire que :
- 9 semaines ont été consacrées au 1er degré : relaxation autogène allongée, beaucoup de travail et d'informations sur la respiration abdominale, complète, cohérence cardiaque, S.R.S, signe-signal, objet neutre, 3 qualités fondamentales, Sophro-déplacement du négatif, neutralisation émotionnelle, relaxation différentielle.
- 9 semaines pour le 2ème degré où nous avons abordé le positif avec la présence immédiate, le renforcement du positif, l'affirmation positive, la triple visualisation, le sourire intérieur, la tridimension du positif au quotidien, le souhait, avec en fin de chaque séance une futurisation (parfois le souvenir d'avenir en se rappelant simplement d'avoir fait une séance), la futurisation centrée sur un objectif, et l'énergie (avec la stimulation énergétique et la sophro-dynagogie).
- Puis le 3ème degré pendant lequel nous avons poursuivi sur 8 séances le travail du positif mais cette fois-ci dans le passé avec toutes les sophro-mnésies telles que: sophro-mnésie libre, sophro-mnésie hyper-associative, 3 tiers de vie, sophro-intégration mnésique, visualisation élargie, Sophro-attention objet et fontaine de jouvence accompagnée d'une méditation pour finir.
- Enfin 4 séances du 4ème degré où nous avons juste abordé : la sophro tridimension interne, la sophro-tridimension externe, les 4 invités, le sage.
J'ai été heureuse de constater que malgré leurs différences (la première élève était beaucoup dans le contrôle avec une réelle difficulté à se laisser-aller, la seconde mentalisait systématiquement tout ce qui se produisait en elle et la troisième, plutôt curieuse, ouverte et réceptive avait déjà effectué un travail personnel avec l'aide d'autres thérapies), elles avaient toutes puisé dans chaque degré ce qui leur convenait et ce dont elles avaient besoin sur le moment. Elles ont évolué à leur rythme prenant cet entraînement très au sérieux, poussant même, pour certaines, jusqu'à s'entraîner chez elle entre les séances.
En effet, après chaque séance, je reprenais un exercice dynamique ou une activation en leur rappelant leurs bienfaits et surtout en leur expliquant l'utilisation qu'elles pouvaient en faire dans leur quotidien (pour cela, je me suis beaucoup inspirée du merveilleux livre pratique de Thierry, « 35 plages de sophrologie »).
Pour le 1er degré, ayant 2 patientes avec beaucoup de pensées parasites, j'ai utilisé dans les sophronisations de base des évocations mentales comme dans la relaxation autogène, la cohérence cardiaque (un vrai plaisir), les 5 sens, la visualisation du lac, la feuille, la relaxation par les couleurs, des exercices dynamiques, des corporalisations. J'ai beaucoup guidé la lecture du corps et la détente mentale.
Parmi les exercices dynamiques, en plus de tous ceux que nous avions l'habitude d'effectuer en formation, j'ai particulièrement apprécié de leur proposer : l'enracinement corporel détaillé, le souffle paisible, le palming, le balancement latéral avec les bâillements, les exercices de relaxation différentielle.
Ce premier degré a été une véritable découverte pour elles et elles ont véritablement apprécié de vivre la relaxation et tout son éventail de sensations.
En second degré, j'ai continué dans les sophronisations de base à utiliser de temps en temps des évocations mentales comme «je suis tout à fait calme » ou «ma respiration est libre»..., la cohérence cardiaque. J'ai eu recours à la relaxation yoguique, à la séance ‘relaxation et intériorisation’, la rotation de conscience.
Leur ayant appris le Sophro-déplacement du négatif au 1er degré, j'aime leur proposer, pendant la lecture du corps, d'évacuer, si elles le souhaitent («si c'est juste pour nous») les sensations corporelles jugées désagréables, les tensions, les émotions, par les pieds, vers le sol.
Certaines ne peuvent pas envisager l'installation de la détente sans avoir préalablement évacué visuellement, en début ou en cours de relaxation, les sensations et tensions inconfortables. Pour les exercices dynamiques utilisés, je ne vais pas tous les nommer. Il y a bien sûr ceux du premier degré, ceux du second degré auxquels j'ai rajouté les stimulations bilatérales, certains exercices de dynagogie, le miroir, la conscience enveloppante. Elles ont également particulièrement aimé, après l'enracinement corporel, de prendre conscience de la gravitation terrestre, se sentir à leur juste place, à leur place légitime, ainsi que la conscience enveloppante (se voir de l'extérieur tout en ressentant de l'intérieur les exercices que nous effectuons), même si cela n'a pas été facile au début.
Comme pour le 1er degré, chacune a évolué à son rythme durant ces séances de 2nd degré, utilisant parfois les acquis du 1er degré pour approfondir leur détente en toute liberté et autonomie sans que je leur suggère quoi que ce soit. Et leurs retours ont été pour moi autant de moments enrichissants pour évaluer leurs cheminements, leurs préférences, leurs facilités et les difficultés sur lesquelles je devais un peu plus insister ou revenir ultérieurement.
Je constatais donc, au bout de 8 semaines de 2ème degré, qu'elles maîtrisaient bien certaines techniques comme le déplacement du négatif, la présence immédiate, les évocations mentales, la pensée positive, les respirations, les visualisations avec tout le travail du positif : souvenirs, images, visages aimés qu'elles corporalisaient, incorporaient et futurisaient. Cette période fut un véritable plaisir où je les voyais arriver pleine d'entrain, armées d'une image d'elles beaucoup plus positive, avec de nouvelles ressources qui leur donnaient envie de se projeter dans le futur. Mais c'est surtout de constater qu'elles arrivaient au quotidien, petit à petit, à tirer les bienfaits de tout ce travail entamé : plus calmes, plus détendues, sommeil amélioré, énergie retrouvée et cette capacité à voir le positif dans leurs vies:
- « Tu sais, maintenant, tous les soirs avant de m'endormir, je fais quelques respirations abdominales et je vois tout le positif de ma journée écoulée. »
- « Parfois le matin, avant de commencer ma journée, j'amplifie ce bien être (ou cette énergie) que j'ai au réveil et je le diffuse dans tout mon corps grâce à la respiration - comme nous l'avons fait plusieurs fois en séance - et je visualise ma journée avec ce bien être ou cette énergie. »
- « En fait, c'est simple et ça prend que 10 minutes. »
- « L'autre jour, j'ai passé un bon moment en famille. Avec mes enfants, on s'est pris un fou rire. Avant je ne me rendais pas vraiment compte de l'importance de ces moments. Et là d'un coup, pendant que je riais avec eux, j'ai pris soudainement conscience de ce que nous étions en train de vivre, de ce moment de bonheur. Alors je l'ai amplifié et je l'ai ancré...».
C'est d'ailleurs à cette époque que l'une d'entre elles, me demanda des séances en entretien individuel pour un problème particulier.
Avant d'entamer le 3eme degré, j'achève le 2ème degré par une séance de sophro-dynagogie d'Yves DAVROU. Elles se sentent pleine d'énergie, consolidées, confiantes pour continuer (ce sont leurs propres mots).
Nous abordons donc la méditation. Ce fut, pour toutes, une découverte précieuse de l'instant présent qu'elles ont acquis petit à petit au fil des séances. J'ai ponctué chaque séance d'une méditation, plus ou moins longue, qui leur permettait d'accéder plus facilement à l'acceptation de ce qu'elles vivaient.
Certaines ont spontanément ressenti le besoin d'entrouvrir les yeux pendant ces moments. Par toutes les sophro-mnésies, elles ont pris conscience de la valeur de leur passé, par la méditation, la valeur de l'instant présent.
Enfin le 4eme degré qui fut pour toutes une révélation, un grand moment de communion et de compréhension.
Elles ont particulièrement apprécié, dans les 2 séances de sophro-tridimension, d'ouvrir et de fermer les yeux, modifiant ainsi le regard qu'elles portaient sur elles-mêmes et sur le monde qui les entoure.
Pour l'une d'entre elles, ce fut la prise de conscience qu'elle devait changer de direction : ce qu'elle fit.
Ce fut un réel plaisir de faire de la sophrologie, de les accompagner sur ce chemin, ce fut un vrai moment d'échange et de partage.
Bien souvent, elles me remerciaient et étaient profondément étonnées des changements opérés depuis le début de notre rencontre. Je leur répétais que je leur avais juste permis de prendre conscience de tout ce potentiel, de tous ces trésors enfouis au fond d'elles-mêmes et de les réveiller. Le reste, ce sont elles et elles seules, qui l'ont acquis à leur rythme et selon leur intentionnalité.
Elles ont d'ailleurs évolué chacune différemment.
Pour moi aussi, ce fut une découverte où je me suis considérablement enrichie :
- en les observant,
- en les écoutant,
- en les voyant faire,
- en m'observant,
- en m'écoutant
- et en me voyant faire
Et chaque fois qu'un doute survenait quant au choix d'une séance, je revenais à mon intentionnalité de départ et fixais des sous-objectifs qui me permettaient d'atteindre finalement le but que je m'étais fixé.
Chaque doute, chaque tâtonnement et remise en cause m'ont permis de faire un pas supplémentaire.
Malvina Girard, sophrologue à Aix en Provence