Auteur : Laura JAUVERT, Sophrologue
Si je vous parle d'un « état physiologique bien particulier du cerveau : ni un état de vigilance, ni un état de sommeil avec perte de conscience » ou d'un « état psychique particulier susceptible d'être provoqué et qui augmente, à des degrés divers, la suggestibilité». Vous aurez reconnu l'état sophro-liminal et vous avez bien raison. Bravo ! Sauf que ces deux définitions sont en réalités celles de Pavlov et Bernheim pour caractériser... l'état de transe hypnotique.
Souvent opposées l'une à l'autre la sophrologie et l'hypnose ont pourtant beaucoup en commun. En effet, ces deux approches profitent d'un état de conscience modifié par une relaxation ou une induction pour proposer des visualisations ou des protocoles de changements.
Évidement qu'il y a des différences dans les techniques utilisés, dans le fait surtout qu'en sophrologie nous nous adressons au conscient alors qu'en hypnose le but du jeu est de le mettre de côté pour parler directement à l'inconscient. Nous pourrions discuter des semaines entières sur les ressemblances et les différences de ces deux méthodes mais il est, à mon sens, beaucoup plus intéressant de voir ce que chacune peut apporter à l'autre !
J'ai eu la chance de me former à la sophrologie avec Thierry et Malvina puis à l'Hypnose Ericksonienne avec l'école parisienne de l'Arche. Si au début de ma pratique je ne voyais pas vraiment comment concilier ces deux outils, j'ai compris rapidement qu'il était intéressant de voir qu'elles étaient complémentaires.
Par exemple, la relaxation et la respiration qui sont des outils chers à la sophrologie sont présentés comme à éviter en hypnose car rendraient le patient trop passif. Je ne suis absolument pas d'accord avec cette approche-là et au contraire, parfois, apprendre à quelqu'un à relâcher la pression et à apaiser sa respiration peut suffire à faire des miracles.
La base comme dirait Thierry !
A l'inverse, le concept de suggestion de l'hypnose est très intéressant à utiliser en sophrologie. En effet, si nous partons du principe que toute communication est faite de suggestion, n'est-il pas intéressant de savoir repérer les suggestions négatives et ne proposer que des suggestions positives au patient ?
Je souhaiterai au cours de cette conférencevous faire part des éléments de l'hypnose qui aujourd'hui enrichissent ma pratique quotidienne de la sophrologie.
A - Historique et utilité des canaux sensoriels
Parce qu’il est toujours important de savoir de quoi nous parlons, voici un historique des canaux sensoriels (1) ainsi que l'explication de l'intérêt (2) de ce concept qui nous vient de la PNL.
1. Historique des canaux sensoriels
Dans les années 1970, certains psychologues comme Kinsbourne (1972), Kocel, Galin et Orstein (1974) se sont intéressés aux mouvements oculaires. En effet, une vague de recherche a été lancé sur les liens entre les mouvements oculaires latéraux et les processus en rapport avec les hémisphères des différents cerveaux. De façon plus claire, il a été observé que les droitiers avaient tendance à bouger leur tête et leurs yeux vers la droite, quand ils font des tâches liées avec l'hémisphère gauche, c'est à dire avec de la logique et du verbe. A l'inverse, ces mêmes droitiers avaient tendance à bouger leurs yeux et leur tête vers la gauche lorsqu'ils réalisaient des tâches en lien avec l'hémisphère droit, donc avec une orientation spatiale et créative. En résumé, les gens auraient tendance à regarder dans la direction opposée à l'hémisphère du cerveau dont ils se servent pour effectuer une tâche cognitive.
Ces travaux étaient donc connus du monde de la psychologie et c'est le trio de PNListe composé de John Grinder, Richard Bandler et leur étudiant fétiche Robert Dilts, qui ont approfondis ces recherches sur les accès oculaires. L'histoire raconte que lors d'un cours de syntaxe dispensé par John Grinder, celui-ci demande à ses élèves de prêter attention à tout ce qui nous échappe d’ordinaire dans notre façon de communiquer. Robert Dilts le rejoint en fin de cours pour demander quel genre de choses il devait observer… et Grinder le coupe en lui faisant remarquer « Tiens, ça, c'est quoi exactement ? » « Quoi donc répondit Dilts ? » « Et bien tu as déplacé tes yeux vers le côté, qu'est ce que ça signifie exactement? »
Robert Dilts se souvient alors qu'en prenant conscience de ce mouvement oculaire, il était en réalité rentré à l'intérieur de lui pour faire une recherche interne et trouver une réponse. Ce fut le début de ses recherches sur tous les signaux d'accès inconscient, que ce soit des micro-gestes, cligner des yeux, se toucher le visage, se racler la gorge, se toucher les cheveux et évidemment il lança une étude sur ces accès oculaires.
C'est à force d'observation, de journée et de soirée à se regarder dans les yeux en se posant des questions que le lien entre mouvements oculaires et nos sens de perception a été finalement établi.
Ainsi, de façon empirique, La PNL propose le postulat suivant : notre relation au monde passe nécessairement par au moins un de nos sens qui fonctionne comme un filtre perceptif lié à la mémorisation. Au fil du temps, chacun développe un ou deux sens dominant. Il y a une corrélation entre nos mouvements oculaires inconscients et nos canaux sensoriels.
2. Utilité des canaux sensoriels
On peut trouver beaucoup d'applications différentes pour utiliser les canaux sensoriels de perception. Deux exemples semblent assez parlants :
• Utiliser les canaux de perception pour améliorer l'apprentissage :
Prenez un enfant à dominance visuel, attentif, observateur, toujours à la recherche du contact visuel. Il perçoit le monde par le biais d'images, il utilise un vocabulaire en relation avec le monde visuel (Je vois, j'observe, il place les choses spatialement, ses souvenirs sont des images ou des films intérieurs, etc). Pour lui, un enseignement efficace comporte des présentations avec de l'écrit mais aussi avec des couleurs, des titres soulignés, des écritures différentes. Il a une mémoire photographique.
Par contre, un enfant Kinesthésique est beaucoup plus sensible aux sentiments, aux émotions, aux sensations corporelles qu'il a souvent du mal à mettre en mots. Cet enfant-là a besoin de toucher, de manipuler pour apprendre. Apprendre à compter est facile pour lui s’il peut ajouter des cubes, en retirer, déplacer. L'apprentissage de la lecture est également accélérée si on lui permet de jouer avec des lettres… et pourquoi pas des lettres avec des textures différentes pour que ce soit ludique ! Évidemment, ce type d'enfant apprendra beaucoup moins bien s’il ressent du stress, de la pression, un mal être à l'école.
Peut-être percevez-vous que ces enfants à dominance Visuel ou Kinesthésique peuvent se trouver davantage en échec scolaire qu'un enfant dont le canal dominant est l'auditif. En Effet, notre enseignement aujourd'hui est principalement dispensé à l'oral, ce qui suffit largement aux enfants auditifs pour retenir, comprendre et retranscrire une leçon.
Détecter les canaux de perception chez les élèves et leur transmettre une instruction adaptée paraît ainsi fondamental.
• Utiliser les canaux de perceptions pour changer une stratégie mentale :
Chaque comportement que l'on adopte est en réalité le fruit d'une stratégie mentale inconsciente que l'on peut modifier sous hypnose. Cette stratégie mentale est justement une routine qui utilise les canaux de perceptions dans un ordre bien précis !
En voici un exemple pour mieux comprendre. Mademoiselle K souhaite perdre du poids et arrêter de grignoter. Après plusieurs questions, nous découvrons sa stratégie inconsciente qui est la suivante :
1. J'ai une Sensation de vide dans l'estomac (K)
2 Je me dis que j'ai besoin de me remplir (A interne)
3. Je passe à l'acte en cherchant des sucreries (K)
4. J'ai une sensation d'apaisement (K)
Le grignotage répond donc à un cette sensation de vide (qui est en réalité un besoin d'être aimée et réconfortée) en lui procurant une sensation temporaire d'apaisement et donc d'être comblée. Mademoiselle K, identifie alors un autre moment qui lui procure cette exacte sensation : quand elle danse la salsa !
Un accompagnement au changement consiste alors à introduire dans sa stratégie un nouvel élément qui va court-circuiter le comportement. Mademoiselle K choisit alors d'entendre la musique Salsa entre les étapes 2 et 3.
Sa nouvelle stratégie mentale est donc la suivant :
1. J'ai une sensation de vide dans l'estomac (K)
2. Je me dis que j'ai besoin de me remplir (A interne)
3. J'entends une musique Salsa (A interne)
4. Je me sens apaisée (K)
Sous hypnose, cette routine est répétée pour créer un nouvel apprentissage puis suite à la séance mademoiselle K est invitée à faire un effort conscient quotidien pour penser à cette nouvelle étape-là dès qu'elle a la sensation de vide à l'estomac qu'elle sait parfaitement détecter. Après quelques temps, cette stratégie est devenue complètement inconsciente, naturelle, elle n'a plus ressenti le besoin de grignoter et a perdu 10kg.
B - Comment détecter les canaux sensoriels ?
Il y a trois façons pour détecter le canal sensoriel dominant chez un patient. D'abord, le non verbal de la personne (A) peut déjà nous donner quelques pistes, ensuite, si nous prenons une oreille toute particulière à ses mots, nous pouvons identifier certains prédicats (B) qui révèle le sens dominant. Enfin, et attention car cela peut devenir une addiction, en observant les yeux de la personne, nous pouvons encore mieux déterminer les canaux sensoriels utilisés (C).
1. Ce que le Non verbal du patient nous enseigne :
Avant même un simple bonjour, l'apparence d'un patient, sa respiration ou même son apparence corporelle peuvent nous aiguiller sur un canal sensoriel dominant.
Lisons le tableau ensemble, ce sera beaucoup plus clair :
2. Écoutons les mots du patient : les Prédicats :
Dans les mots et les phrases du patient, son vocabulaire est souvent teinté d'une préférence sensorielle. Cela s'appelle des prédicats. Écoutons et relevons le vocabulaire typiquement visuel ou auditif ou kinesthésique.
• Il peut s'agir de mots, de verbes comme dans le tableau suivant :
• Il peut aussi s'agir de tournures de phrases ou d'expressions :
C - Comment utiliser les canaux sensoriels en Sophrologie ?
L’intérêt de repérer le sens dominant de notre patient est intéressant à plusieurs titres.
En effet, tout d'abord cela permet au sophrologue d'être en harmonie avec l'autre, c'est ce qu'on appelle être en synchronisation (A). Ensuite, le sophrologue va pouvoir guider des relaxations ou des respirations personnalisées (B) et il aura alors tout le loisir de proposer ou même d'imaginer des AIS encore plus adaptée et efficaces (C).
1. Une synchronisation parfaite, une alliance renforcée
En hypnose, nous appelons synchronisation le fait de s'accorder rythmiquement au patient ; En Sophrologie cela se rapproche de notre notion d'alliance. Si parfois l'alliance se fait naturellement, il est bon de savoir sur quels principes elle repose.
Une étude récente Danoise à établit le lien entre la confiance que l'on accorde inconsciemment à quelqu'un et le fait qu'il y ait cette synchronisation entre eux. La synchronisation passe par une même respiration, une même énergie mais aussi adopter le même canal de communication.
Ainsi, les canaux de perceptions sont donc très importants pour mettre en place ce rapport de confiance. Attention, il est inutile de singer l'autre mais bien d'adopter subtilement les comportements, attitudes et vocabulaire.
L'exemple le plus parlant il me semble c'est comment se mettre en synchronisation avec un enfant ? Nous le faisons tous plus ou moins naturellement, nous adoptons souvent sa posture, nous nous mettons à sa hauteur, nous nous asseyons avec lui pour jouer, nous éclatons de rire avec lui et nous employons surtout des mots qu'il comprend. Et bien c'est exactement cela dont on parle et il faudrait faire la même chose avec chaque patient que nous recevons.
Un autre exemple : imaginez un patient qui arriverait très en colère dans votre cabinet car il sort d'une grande dispute avec sa femme. Bien sûr vous pouvez compter sur votre calme légendaire pour qu'il parvienne lui aussi à se détendre mais une technique plus rapide consiste à se mettre également en colère pour la même raison que lui. Vous pouvez alors lui confier que vous aussi vous ne supportez pas quand l'autre ne comprend pas notre point de vue ou qu'il veuille toujours imposer le sien ! Cette attitude va alors déclencher chez votre patient le sentiment d'être écouté, compris dans son émotion et du coup, vous faisant confiance, il vous suivra beaucoup plus rapidement sur le chemin du calme !
Le fait d'établir cette alliance, ce rapport entre nous et le patient c'est ce qui va créer la sensation d'être compris, d'être respecté dans ses propos, dans ses émotions et c'est cette confiance là qui nous permet de proposer un suivi bienveillant.
Un dernier point important : les accès oculaires permettent aussi de respecter le rythme du patient.
Je m'explique : parfois nous posons une question au patient puis nous n'attendons pas suffisamment pour en reposer une autre ou demander autre chose. Alors que si nous sommes attentifs, nous pouvons voir que la personne détourne ses yeux ce qui est signe qu'elle est en train de réfléchir, de chercher à l'intérieur d'elle-même une réponse !
Détecter cela permet au sophrologue de réellement laisser le temps nécessaire pour répondre. Attention cependant à ne pas laisser le patient se noyer dans son dialogue intérieur. Nous avons vu que lorsque quelqu'un regarde à sa gauche et vers le bas, c'est signe que sa petite voix intérieure lui parle … si parfois cela peut aider à trouver une solution, cela peut parfois noyer la personne !
Par exemple, si vous demandez quel est le lieu sûr à une personne qui manque de confiance en elle, elle va lever les yeux vers le haut, se rappeler de cette si jolie plage mais si vous constatez qu'elle tourne les yeux vers le bas, peut être va t'elle se laisser submerger par des questions existentielles comme « non mais est ce que ça va aller cette plage ?
C'est nul comme endroit c'est trop classique », « et puis je ne m'en souviens pas si bien en fait il faudrait peut être que je réponde autre chose ».
2. Des SDB et des respirations personnalisées
Utiliser les canaux de perceptions dominants de nos patients nous permet de proposer des respirations et des relaxations plus pertinentes car personnalisées. Je vous propose ici un petit classement des outils que l'on connaît. Bien entendu, il est tout à fait possible de proposer toutes les techniques à tous les patients ! D'autant plus que cela permet de développer les autres sens… et si vous vous rappelez bien, seulement 5 % de la population est à dominance Kinesthésique… or, notre but ultime en Sophrologie ne serait-il pas justement de développer et d'affiner ce sens-là ?
• Les Respirations pour les Visuels :
- Toutes les respirations basées sur des visualisations ou des couleurs.
- Le fait d'inspirer de l'air blanc et de souffler l'air noir.
- La respiration en étoile
- Prendre conscience de sa respiration en visualisant le trajet de l'air qui rentre et qui ressort
- La respiration en Carré ou en rectangle en demandant au patient d'imaginer la figure mentalement et de caler sa respiration dessus.
- Toutes les métaphores visuelles de la respiration : imaginez un ballon de baudruche dans le ventre qui gonfle et se dégonfle, imaginez que vous soufflez sur une bougie sans l'éteindre, voir la flamme danser, souffler sur un pissenlit ou des bulles de savons qui s'envolent lentement
• Les respirations pour les Auditifs :
- Écouter le propre bruit que fait sa respiration.
- Se répéter « j'inspire » en inspirant et « j'expire » en expirant
- Le fait de compter sur sa respiration, par exemple jusqu'à 5 secondes pour reproduire les effets bénéfiques de la cohérence cardiaque
- La Sophro Respiration Synchronique (SRS) : lier un mot sur la respiration
- Toutes les métaphores de la respiration qui touche à l'auditif : imaginer que sa respiration est comme un accordéon qui se dégonfle et se dégonfle… et vous pouvez même imaginer une note de musique sur l'inspiration et une autre sur l’expiration, imaginez finalement quelle serait votre mélodie intérieure.
• Les respirations pour les Kinesthésiques :
- Sentir la respiration, les mouvements du corps qui y sont associés
- Sentir quelles sont les parties de notre corps que notre respiration fait bouger
- Ressentir la température de l'air qui passe à l'inspiration, plus fraiche qu'à l'expiration.
- Ne pas hésiter à lier la respiration à la détente : à chaque inspiration, sentez comment vos muscles se relâchent, comment votre corps peut se faire de plus en plus calme et lourd.
Quant aux relaxations que l'on peut guider, voici une classification sommaire. À votre avis, la SDB classique que nous proposons avec le terpnos logos « sentez vos muscles des yeux qui se relâchent, les mâchoires qui se desserrent, etc, … à qui parle t'elle le plus ?
• Les relaxations pour les Kinesthésiques :
- La SDB classique est extrêmement efficace. Régalons nous à suggérer le relâchement, la détente, la lourdeur dans chaque partie de notre corps. Mais parfois, n'avez-vous pas constaté que la relaxation classique n'a pas forcément l'effet désiré ? Peut être s'agit il simplement d'un autre sans à utiliser…
- Proposer également d'imaginer que l'eau glisse sur le corps, que la chaleur relâche chaque muscle.
- Insister sur les sensations d'appuis, les points de contacts.
• Les relaxations pour les Auditifs :
- Détendre une personne auditive n'est pas chose facile car souvent il faut d'abord réussir à couper son dialogue interne.
- Le training autogène de Schultz fonctionne très bien !
- Se répéter des phrases de calme et de détente sur chaque expiration « Mes bras se relâchent ».
- Il est très utiles de s'aider justement du dialogue intérieur du patient pour créer de la relaxation.
- Faire imaginer le bruit des vagues en même temps que le patient respire.
- Parfois une musique d'ambiance zen peut aider la personne à se relaxer.
• Les relaxations pour les Visuels
- Faire visualiser chaque partie du corps qui se relâchent, imaginez même pourquoi pas dans les détails les muscles qui se détendent, les bras qui s'enfoncent sur la banquette.
- Les SDB où l'on propose de visualiser les espaces entre les épaules par exemple
- Les SDB où l'on propose au patient de se rappeler un souvenir de détente : un bain chaud, la dernière fois qu'il était dans un bain bouillonnant, son dernier massage, etc, à force d'images de calme et de relaxation, les sensations vont alors se créer.
- Insister sur l'empreinte que laisserait son corps s’il était sur du sable.
3. Des AIS adaptées et efficaces
• Une attitude toute en synchronisation :
Nous l'avons vu, une communication agréable entre vous et votre patient devrait toujours se faire sur le canal de perception de ce dernier. Ainsi, il est important pour nous sophrologues de savoir utiliser les 3 canaux sensoriels tout le long de la séance et bien entendu pendant que l'on guide les AIS. Ainsi, un patient à dominance visuel sera sensible à nos expressions du visage ou au fait qu'on le regarde dans les yeux quand on s'adresse à lui.
Il appréciera par exemple qu'on lui montre un schéma sur le fonctionnement de la respiration ou repartir avec une fiche explicative de la technique apprise en séance !
Mieux accompagner un patient dit « Auditif » passera par un discours clair, fluide, on évitera si possible de buter sur les mots. Annoncer ce que l'on va faire en séance est très important car les personnes auditives apprécient de savoir où elles vont ! De même, quelque chose de fondamentale avec ce type de personne consiste à reformuler exactement ses propos : une personne auditive qui attache de l'importance au vocabulaire peut ne pas se sentir comprise si vous reformulez ses propos avec d'autres mots ! Attention donc à bien reprendre ses expressions. Le ton de notre voix est également très importante alors modulons notre rythme, notre niveau sonore et notre texture de voix pour induire le relâchement.
Enfin, les patients dits Kinesthésiques sont un pur bonheur en Sophrologie. Ils sont souvent en contact direct et presque constant avec leur corps et leur respiration. Ils apprennent vite à se détendre, à calmer la respiration et à reconnaître les sensations de calme. Ces patients sont sensibles à l'ambiance chaleureuse de notre cabinet mais aussi à notre chaleur humaine. Tout comportement froid et distant les fera fuir illico ! De même, une voix douce, chaleureuse et surtout lente est à privilégier. Ne pas parler trop vite et lui laisser le temps de répondre à nos questions.
• Jouons avec les sous-modalités :
Les canaux sensoriels (VAK) sont aussi appelés en PNL les modalités sensorielles.
Les sous-modalités sont les caractéristiques de ces modalités c'est-à-dire leurs composantes descriptives. Pour que ce soit plus clair, si une image peut être décrite par sa taille, sa forme, ses couleurs ou sa luminosité, un son est caractérisé par un volume, un rythme, une source ou un tempo et évidemment la sensation elle est reconnaissable par sa localisation, son intensité ou son étendue.
Ainsi, toujours dans le but de mieux accompagner nos patients, nous allons pouvoir jouer avec les sous-modalités de son canal dominant pour améliorer, peaufiner et rendre la séance inoubliable !
Voici un petit rappel de comment faire varier les sous-modalités et ainsi faire varier les sensations et les émotions ressenties par notre patient :
Pour les personnes visuelles, le plaisir ou l’anxiété que procure un souvenir particulier sera lié à l’image. Changer l'image c'est changer l'état d'esprit de la personne.
Nous pouvons donc jouer avec :
- La taille de l'image : Agrandir ou diminuer l'image.
- La couleur de l’image: Raviver des couleurs ou mettre en noir et blanc.
- La distance: Rapprocher l'image ou l'éloigner change la sensation.
- La netteté de l’image: On peut utiliser la comparaison avec l’appareil photo et rendre certaines images plus ou moins nettes ou floues.
- La luminosité de l’image : éclaircir ou au contraire ternir.
- Le mouvement de l’image: Parfois il s'agit plus d'un film que d'une photo mentale et dans ce cas nous pouvons accélérer ou ralentir l'action.
- Le sujet est-il associé ou dissocié ? Acteur ou Spectateur ?
Pour les personnes auditives, les souvenirs sont composés des conversations et des mots entendus. Baisser le son c'est baisser la charge émotionnelle. Jouons avec :
- Le volume sonore: Augmenter ou baisser comme sur une radio.
- La hauteur du son: changer les voix en plus aiguës, graves ou chantantes.
- Le rythme: Accélérer les phrases ou au contraire les ralentir à l'extrême.
- Le timbre: Rendre la voix plus chaude, plus réconfortante.
- La distance du son: Éloigner ou rapprocher la source sonore, comme un écho.
- Le sujet est il associé à sa voix ou se regarde t'il parler ?
Pour les personnes kinesthésiques, l'émotion et les sensations d'un souvenir passent par les détails sensoriels de la situation : la température de l'air, la douceur du vent, les pieds dans le sable, la respiration calme donc jouons avec :
- Les sensations tactiles : le contact des vêtements, la température de l'air, les points d'appuis selon la position dans le souvenir, la respiration calme.
- La localisation: affiner où le patient ressent tout cela, étendre les sensations.
- L’intensité : augmenter le ressenti positif, les sensations de calme, de légèreté.
- La texture : insister sur la douceur, le moelleux, le contact avec l'herbe ou la terre.
- Le goût : Augmenter le goût sucré ou salé, les sensations des papilles.
- La température : Réchauffer l'eau du souvenir peut accentuer la relaxation du corps.
Les canaux sensoriels de perception
La respiration des 3 canaux
- Après avoir pris conscience de notre position, de nos points d'appuis, de notre place ici et maintenant, fermer les yeux pour ouvrir grand nos oreilles.
- Écouter tous les bruits présents, les proches, les plus éloignés puis diriger nos oreilles vers notre respiration.
- La respiration « Auditive » : Écouter le souffle qui entre et sort… puis se répéter mentalement « j'inspire » en inspirant et « j'expire » en expirant… guider une courte SRS…
Puis proposer de compter mentalement sur notre respiration, jusqu'à 5 secondes de préférence mais sans forcer.
- La respiration « Visuelle » : Continuer en imaginant le trajet de l'air … puis visualiser de l'air blanc qui entre et de l'air gris qui ressort ….
- La respiration « kinesthésique » : Sentir les mouvements de notre respiration … les parties du corps qu'elle fait bouger … et ressentir qu'à chaque expiration, notre corps peut commencer à se relâcher
LaSDB des 3 canaux
- Relâchement kinesthésique du visage et des épaules : prendre conscience de chaque détail de notre tête, et relâcher, sentir la lourdeur qui s'installe, l'immobilité jusqu'au bout des doigts
- Relâchement visuel du haut du corps : Visualiser sa colonne vertébrale qui se détend, vertèbre après vertèbre, imaginer sa poitrine, son thorax qui se dénoue… voir sa ceinture abdominale qui se desserre, les abdominaux qui s'étalent… la respiration peut prendre toute sa place… l'air gonfle le ventre comme un ballon…
- Relâchement auditif des jambes et de tout le corps : Je porte mon attention sur mon bassin et je peux me répéter mentalement, « mes cuisses se relâchent » 3 fois, puis « je déverrouille mes genoux », «mes mollets s'étalent » et « mes pieds se détendent » … puis je prends conscience de mon corps dans sa globalité et je me répète intérieurement « tout mon corps se détend », « mon corps se fait de plus en plus lourd »
- Reprise
Laura JAUVERT. Pour toute précision : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.